L’humour de Ward et la discrimination

On ne peut a priori imputer à un humoriste la responsabilité des gestes que d’autres pourraient se mettre à faire à l’égard d’une personnalité publique en brandissant, par exemple, les portions de monologues prononcés à son égard lors d’un spectacle. Il est vrai que le contexte des médias en ligne met à la portée de nombreuses personnes toutes sortes de moyens pour harceler ou injurier les personnalités connues. Mais punir l’humoriste qui tient un propos s’inscrivant dans une démarche artistique au seul motif que certains pourraient en utiliser des extraits pour faire du harcèlement ou de l’intimidation, ce serait inhiber tout un pan de l’activité créatrice inhérente à l’humour. C’est cette possibilité que le jugement majoritaire vient, à juste titre, écarter.

Cette décision signale que la lutte contre le harcèlement et la discrimination n’a pas à passer par la censure des créateurs. Il faut plutôt viser ceux qui s’emparent de bouts de textes ou d’images glanés dans les spectacles pour alimenter leurs activités d’exclusion et de harcèlement, et les décontextualisent. Lutter contre le harcèlement et l’intimidation requiert de faire la différence entre le cuisinier et celui qui verse du poison dans la soupe.

Ce contenu a été mis à jour le 11/02/2021 à 9:33 AM.