Protéger « l’image et le vernis », une culture dans les écoles

L’enseignante Kathya Dufault a payé cher sa prise de parole en 2018. Après avoir dénoncé les conditions de travail qu’elle jugeait inacceptables à son école secondaire, elle a fait face à une procédure de congédiement. La commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSMI) lui a reproché de l’avoir « critiquée publiquement ».

Quatre ans plus tard, le cas de l’école Saint-Laurent lui fait dire : « L’omerta est encore là. Ça me fâche. »

(…)

Selon Pierre Trudel, professeur au Centre de recherche en droit public de l’Université de Montréal, c’est toute la culture des centres de services scolaires, trop souvent autoritaires et opaques, qui doit être changée.

Le personnel scolaire, ajoute-t-il, place sa loyauté au mauvais endroit. « La loyauté n’est pas due aux gestionnaires, mais à l’institution. Donc à l’élève. »

Les parents qui, eux, veulent porter plainte sont dirigés vers le Protecteur de l’élève de leur centre de services scolaire. En 2017, dans un rapport spécial sur la question, le Protecteur du citoyen mettait cependant en lumière les nombreuses lacunes de ces instances, dont de trop longs délais, leur manque d’indépendance, leur faible reddition de comptes, etc.

Québec a donc choisi de créer un Protecteur national de l’élève. Si des acteurs du monde de l’éducation fondent de grands espoirs sur cette nouvelle mouture, Pierre Trudel doute qu’elle soit la solution.

« Il aura un local dans l’édifice Marie-Guyart [où travaillent les fonctionnaires du ministère de l’Éducation] et de son bureau à Québec, il va recevoir des courriels de gens qui vivent des problèmes à Gatineau, à Drummondville… Ça fera un bureau de plus qui sera occupé, mais je ne vois pas trop ce que ça peut changer », à moins, espère-t-il, qu’il ait de réels moyens d’enquête.

Pour tout dire, Pierre Trudel estime que les parents, les élèves et le personnel scolaire lésés n’ont finalement que trois options : la police, les médias, la Commission des droits de la personne.

« Et qu’ont en commun ces trois-là ? demande-t-il. C’est d’être totalement indépendants du réseau scolaire », relève-t-il.

Ce contenu a été mis à jour le 02/14/2022 à 9:46 AM.